Le projet
Le projet « LabOVivant(s) » est un projet co-financé par la ZABR et l’Agence de l’Eau qui s’inscrit dans le champ des sciences participatives et citoyennes. Démarré en juin 2023 sur la commune des Plantiers, il rassemble des citoyens, des acteurs publics (Communauté de Communes Causses Aigoual Cévennes) et des scientifiques d’horizons disciplinaires multiples (HSM, UMR Espace, UMR SENS - savoirs, environnement et société, UMT G-EAU - gestion de l'eau, acteurs et usages, et UMR TETIS - territoires, environnement, télédétection et information spatiale). Le projet s’étend désormais sur les communes de la Vallée Borgne, de Lasalle à Saint André de Valborgne.
Suite à un épisode de sécheresse accrue qui a impacté les Cévennes en 2022, les acteurs du LabOVivant(s) partent du principe que la sécheresse va devenir de moins en moins épisodique et de plus en plus structurelle. L’objectif de ce projet participatif est de mieux comprendre l’évolution des dynamiques sociohydrologiques, de développer des connaissances locales sur la sécheresse et d’expérimenter des solutions pour s’adapter au manque d’eau en Cévennes.
Le principe d’un laboratoire vivant
Le LabOVivant(s) fonctionne comme un laboratoire vivant, ou Living Lab, dont le principe est de considérer citoyens, habitants, et/ou usagers comme des acteurs clés du processus de production de connaissances localisées sur les changements globaux. Comme le souligne Juliette Cerceau, chercheuse à IMT Mines Alès et coordinatrice du projet : « La transdisciplinarité fait partie de ces nouveaux grands principes scientifiques sur lesquels les chercheurs peuvent longtemps discuter. Mais ce que proposent les laboratoires vivants, c’est de mettre la transdisciplinarité en pratique, de manière discrète mais concrète : un laboratoire vivant, c’est avant tout des gens qui se rencontrent, qui se respectent et qui se font confiance pour imaginer ensemble des solutions pour demain ».
Financée et initiée par un petit collectif de chercheurs et d’habitants pour une durée de 3 ans, le grand défi est de diffuser et de pérenniser la dynamique en s’assurant qu’elle soit incarnée dans des individus et des collectifs, portée par des habitants comme des élus, en interaction avec les chercheurs.
Les expérimentations en cours à IMT Mines Alès – Un lien entre recherche, territoire et… formation
Au sein de ce collectif, 4 scientifiques contribuent à faire vivre le LabOVivant(s) à IMT Mines Alès, en croisant leurs regards disciplinaires et leurs champs d’expertise : Juliette Cerceau, Valentin Wendling, Marine Bertrand et François Lestremau. Ces derniers participent ensemble à plusieurs des actions expérimentales co-portées et mises en place dans les hameaux, qui leur donnent l’occasion de mettre en synergie la recherche, le développement territorial et la formation. En effet, une mission de R&D a été conduite par Lilou Menu, Charlotte Brissermoret et Clémentine Gaigeaot, trois élèves d’IMT Mines Alès cette année. Elle concerne le suivi participatif de la qualité de l’eau des sources. L’objectif est de détecter la présence de métaux dans l’eau, notamment l’arsenic par des tests simples, réalisés directement sur le terrain, permettant d’apporter une réponse rapide et fiable aux préoccupations des habitants, très attachés à leurs sources.
Cet été, Anaïs Ollivier en stage de Master 2 à IMT Mines Alès, mènera une étude de l’impact des activités touristiques sur la rivière. Pour cela, elle se rendra dans les différents lieux de baignade le long du Gardon de Saint Jean et du Galeizon pour observer les impacts que peuvent avoir les pratiques récréatives de la rivière (usage de crèmes solaires, d’anti-moustiques, construction de micro-barrages récréatifs, etc.) sur a qualité de l’eau et la biodiversité. Les habitants vont participer à cette étude, notamment par le biais de carnets d’observation et des photographies participatives qui leur permettront de relever des données sur ce sujet. Les constats tirés de cette étude pourront ainsi donner lieu à une communication sur place pour sensibiliser les usagers de la rivière.
Et la suite – quels impacts de la recherche participative ?
Les « laboratoires vivants » développent donc de nouvelles manières de fabriquer des connaissances conjuguant expertise scientifique, technique et locale, ancrée sur les territoires. Mais ce dialogue science-société contribue-t-il effectivement à un renouvellement de la gestion de l’eau à l’échelle locale et régionale ? Pour répondre à cette question cruciale, IMT Mines Alès et le CIRAD co-financent le projet de thèse SAGE « Savoirs et Approches pour la Gestion de l’Eau : contributions du dialogue science-société au renouvellement de la gestion de l’eau en zone sous tensions (Sud de France – Nord Sénégal) », qui débutera en octobre 2025. Par une approche comparative de recherches participatives en Occitanie et au Sénégal, ce projet vise à étudier l’impact de la mise en place des laboratoires vivants sur les transformations de la gouvernance et la gestion de l’eau dans les territoires.
