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Soutenance de thèse de Nicolas Bijon

Le 8 novembre 2022, Nicolas Bijon soutiendra sa thèse intitulée Une promesse plausible pour la symbiose territoriale.  Étude théorique et expérimentale de l’initiation de démarches de gestion concertée des produits résiduaires organiques. Cette thèse est dirigée par Tom WASSENAAR (CIRAD) et Guillaume JUNQUA (HSM). 

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Résumé de la thèse :

L’agriculture industrielle du XXIe siècle est dépendante de nutriments apportés par des engrais de synthèse produits à partir de ressources non renouvelables, alors que ces mêmes nutriments sont présents dans les Produits Résiduaires Organiques (PRO) dont la gestion entraîne des contraintes logistiques et environnementales. Il existe des territoires, comme celui de la plaine de Versailles, comprenant l’amont et l’aval d’une telle rupture métabolique. Cette situation dérive du fonctionnement non concerté des acteurs qui produisent, transforment et utilisent les PRO, formant le système sociotechnique de gestion des PRO (SGPRO). L’objectif de ces travaux est d’identifier les leviers d’initiation d’une démarche de concertation, que nous nommons symbiose territoriale, en se basant sur le cadre théorique de la promesse plausible. Cette dernière correspond au discours formulé par un acteur initiateur confronté à une situation donnée, visant à mobiliser un ensemble d’acteurs-cibles dans une réponse collective à cette situation. La problématique est étudiée de manière interdisciplinaire, selon deux grandes phases. Une analyse de cas d’étude de symbioses industrielles permet de consolider le cadre théorique des objets d’étude. Cette phase inclut une revue de littérature de cas d’études de symbioses industrielles au niveau international, et une campagne d’entretiens réalisée auprès d’animateurs de démarches d’écologie industrielle et territoriale en France. Elle décrit, caractérise et illustre les éléments théoriques centraux – notamment les schémas de synergies bioéconomiques, la notion de système-territoire, une typologie de “mythes rationalisés” – nécessaires à la conception d’une symbiose territoriale et d’une promesse plausible. Une deuxième phase assemble ces éléments théoriques afin d’étudier une situation particulière, celle de la plaine de Versailles. Cette étude est composée d’une étape visant à caractériser le fonctionnement actuel du SGPRO, d’une étape de conception technique visant à modéliser des possibles évolutions de ce système, et d’une étape de mise à l’épreuve visant à présenter une gamme de promesses plausibles aux acteurs du système-territoire. La phase compréhensive met en évidence que le SGPRO est constitué de deux sous-systèmes : un système d’interactions physiques au sein duquel des acteurs manipulent matériellement les PRO et effectuent des choix d’affectation (mode de collecte, mode de traitement, mode d’utilisation…), et un système d’influence au sein duquel des acteurs modifient les choix d’affectation autrement que par une action matérielle (pression sociale, réglementation, sensibilisation…). La phase de conception propose un cadre d’analyse technique pour évaluer a priori les performances de scénarios de symbioses territoriales, par l’association d’hypothèses d’affectation des PRO et d’hypothèses de transformation. La mise à l’épreuve de promesses plausibles intégrant ces scénarios prospectifs montre que la capacité des promesses plausibles à mobiliser les acteurs – leur performativité – dépend de leur niveau de spécification et de leur horizon temporel. Les promesses plausibles les moins spécifiques se montrent notamment plus performatives que des promesses plausibles plus détaillées à un horizon temporel lointain. Ces résultats indiquent qu’il n’est pas nécessaire pour un acteur initiateur d’avoir une représentation extrêmement précise du fonctionnement technique du système-territoire pour mobiliser des acteurs dans une concertation. De manière plus générale, cette thèse propose une réflexion globale sur la symbiose territoriale bioéconomique et offre une meilleure compréhension sur l’initiation et l’évolution des démarches d’innovation collective. Au travers de ces objets, elle questionne les liens science-société, et le rôle de la connaissance dans la transition écologique.

Abstract :

The XXIst century’s industrial agriculture is dependent on nutrients provided by synthetic fertilizers made from non-renewable resources. On the other hand, these same nutrients are contained in organic residues, of which the management results in logistical and environmental burden. Territories like the “plaine de Versailles” (FR) include both sides of this metabolic rift. This situation stems from the non-concerted actions of organic waste producers, transformers and users, constituting the core of the sociotechnical organic waste management system (OWMS). The purpose of this work is to identify the levers for initiating a concerted initiative named territorial symbiosis, based on the theoretical framework of the plausible promise. The plausible promise is the discourse of an initiating actor confronted with a specific situation, formulated to enroll other actors in a collective response to address this situation. This interdisciplinary work includes two main phases. An analysis of industrial symbiosis case studies allows to reinforce the theoretical framework of the objects of study. This phase includes a literature review of international industrial symbiosis initiatives, and an interview campaign among promoters of french industrial symbioses. The results describe, characterize and illustrate central theoretical elements - such as bioeconomic synergy patterns, the concept of territory-system, a typology of rational myths - required to design a plausible promise featuring a territorial symbiosis. A second research phase assembles these theoretical elements to study the specific situation of the plaine de Versailles. This study includes three steps : (1) the description and characterization of the OWMS, (2) the design and modeling of possible evolutions of this system and (3) the probation of a set of plausible promises by actors of the territory-system. The results of the descriptive step highlight that the OWMS is composed of two subsystems : a physical interaction system among which actors materially handle organic waste and make allocation choices (type of collection, treatment, use…), and an influence system among which actors influence these choices in ways other than direct material action (social pressure, laws, awareness raising, etc.). The design and modeling step offers a technical framework of analysis to estimate ex ante the benefit of territorial symbiosis scenarios, by coupling allocation and transformation hypotheses. Testing plausible promises featuring these scenarios show that their ability to engage actors - their performativity - depends on their level of specification and their time frame. The performativity of little specific plausible promises appears superior to that of more detailed ones, especially in long-term perspectives. These results suggest that the initiating actor doesn’t require a comprehensive knowledge of the territory-system to engage other actors in a collective process. More generally, this thesis brings a global reflection on the bioeconomic territorial symbiosis and offers a better understanding of the initiation and evolution of innovative collective actions. It questions the link between science and society, fuelling the discussions on the role of knowledge in the ecological transition.